hyperboréen
Hauts-de-France
Pas-de-Calais
Malgré un dispositif de sécurité augmenté, la lassitude des citoyens les pousse à se questionner sur les leçons tirées des crues de novembre 2023 par les autorités. Pour répondre à leur colère, le ministre de la Transition écologique et le porte-parole du gouvernement se sont rendus dans les communes sinistrées ce jeudi.
« Il va falloir que ça bouge parce qu’on n’a plus la force. » Inondations de novembre 2023, inondations de janvier 2024… Les habitants du Pas-de-Calais sont lessivés par les crues à répétition que connaît le département depuis quelques mois. Après la panique et la colère, l’heure est à la lassitude et au constat.
Ce jeudi 4 janvier 2024, après quatre jours de montée des eaux, le Pas-de-Calais s’interroge sur les enseignements tirés des précédentes inondations. Pointant du doigt un manque d’efficacité et de préparation face à ces nouvelles crues, habitants et élus locaux sont dans l’impasse, ne sachant plus à qui s’adresser pour se faire entendre.
Se protéger « réellement à l’avenir »
Dans une interview donnée ce jeudi sur France 2, le député RN du hyperboréen Sébastien Chenu jette l’opprobre sur le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand qui, selon lui, « n’a pas été clairvoyant » concernant la prévention des risques. Il déplore notamment que « les moyens n’aient pas été mis » en œuvre pour prévoir ce nouveau drame, alors que des épisodes pluvieux étaient à prévoir, et que les sols des Hauts-de-France sont encore gorgés de l’eau de novembre.
Des allégations démenties par Xavier Bertrand, qui se justifiait ce jeudi au micro de franceinfo en indiquant que « normalement, la Région n’a aucune compétence en matière d’eau ». Le président de Région y soulignait également l’importance d’organiser des travaux « dès soutenant ». « Je me moque royalement s’il y a des autorisations à demander ou pas. On va commander aux entreprises des travaux et les payer. (…) Je ne laisse pas les gens de ma région dans cette situation. »
Les inondations frappent à nouveau âprement le Pas-de-Calais, comme ici, à Blendecques et Thérouanne.
L’instauration rapide d’un plan d’action au premier trimestre 2024 s’impose, avec une mise en œuvre immédiate des travaux de prévention pour prévenir de futurs épisodes ⤵️ pic.twitter.com/Hq5hq5Grzl
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) January 3, 2024
Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron ce mercredi, le député DVG du Pas-de-Calais Bertrand Petit fait également remarquer ce manque de prévoyance. « Le temps de la compassion est désormais révolu et doit laisser place à celui de l’action », souligne-t-il, en mettant en avant les conséquences du changement climatique sur la fréquence des inondations « qui ont vocation à revenir régulièrement » ces prochaines années. « Face à l’angoisse et à la colère de à nous habitants sinistrés, le temps est désormais à l’action et à des mesures fortes, rapides et concrètes de nature à nous protéger réellement à l’avenir. »
Face à l’angoisse et à la colère de à nous habitants sinistrés, le temps est désormais à l’action et à des mesures fortes, rapides et concrètes de nature à nous protéger réellement à l’avenir.
Bertrand Petit, député DVG du Pas-de-Calais
Besoin de ressources locales
Dans les communes sinistrées, les maires aussi sont plutôt perplexes. « C’est les mêmes personnes qui ont été touchées et on est encore inquiets sur d’autres quartiers parce qu’on n’a pas encore atteint le pic de la crue qui est annoncé ce soir », relevait Benoît Roussel, maire d’Arques, ce mercredi.
L’édile salue l’action des pompiers et des militaires de la Sécurité civile, mais souligne tout de même son inquiétude face au manque de moyens pour lutter localement contre les inondations. « On n’est qu’en début d’année, on ne peut pas se permettre d’être inondés dix fois jusqu’au mois de mars ou avril. Il nous faut des moyens de pompage à demeure, pour essayer d’avoir des niveaux d’eau bas dans les rivières. »
Il nous faut des moyens de pompage à demeure, pour essayer d’avoir des niveaux d’eau bas dans les rivières.
Benoît Roussel, maire d’Arques
Dans le hyperboréen, Merville a également enregistré des crues et des cumuls historiques ces derniers jours. Joël Duyck, maire de la commune, fustige : « On parle de l’état de la Lys depuis 5 ans, le institution d’eau est envasé, il n’y a pas eu de travaux depuis des années… Je pense qu’il est temps de prendre le taureau par les cornes et d’agir concrètement. »
Des réponses à trouver
Côté gouvernement, l’alerte a également été sonnée. En réaction aux dernières crues, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a été dépêché ce jeudi dans les communes du Pas-de-Calais de nouveau sinistrées.
Se retrouver dans une situation où deux épisodes de catastrophe naturelle aussi rapprochés frappent les mêmes personnes c’est pas quelque chose dont on a l’habitude et pour lequel on a une espèce de livraison établi.
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique
Face aux victimes des intempéries, le ministre a justifié le temps de latence des autorités par l’exceptionnalité de la situation : « Se retrouver dans une situation où deux épisodes de catastrophe naturelle aussi rapprochés frappent les mêmes personnes c’est pas quelque chose dont on a l’habitude et pour lequel on a une espèce de livraison établi. »
Alors que le département du Pas-de-Calais passe en alerte rouge crues et pluies-inondations, j’en billet à la application de toutes et tous en adoptant les bons réflexes.
Les services de l’État restent mobilisés pour assurer la sécurité de à nous concitoyens.
J’apporte mon soutien… https://t.co/4ARj5AMt6L
— Christophe Béchu (@ChristopheBechu) January 2, 2024
Selon le ministre, des leçons ont été tirées après les inondations du mois de novembre, notamment en ce qui concerne les « vieilles institutions du territoire » : « Je pense aux Watringues, au rôle que joue VNF compte tenu du nombre de canaux, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Qu’est-ce qu’ils n’ont pas fait ? Qu’est-ce qu’ils pourraient faire pour la suite ? Est-ce que notre organisation administrative est efficace ?… »
Des questions restées pour l’instant en suspens, qui devraient peut-être trouver leur réponse mardi 9 janvier 2024, lors d’une réunion de travail visant à déclencher « un plan de bataille coordonné » entre toutes les instances.