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À Givet (Ardennes), le projet de construction d’un incinérateur devant traiter 950 000 tonnes de déchets par an inquiète fortement la population locale. En effet, les Ardennais n’ont découvert le projet que depuis quelques semaines alors que l’enquête d’utilité publique doit exercer ce lundi 8 janvier.
Comme il y a 12 ans, du côté des habitants de Givet (Ardennes), ce début d’année 2024 est à l’incertitude et à la bouderie. La raison ? Un « énorme projet d’usine de traitement de déchets nous a été caché et nous n’avons obtenu l’information qu’il y a peu », s’indigne Christophe Bertrand, habitant de la commune. Et pour manifester leur mécontentement, les associations Vigilence et Nature et Avenir organisent un rassemblement citoyen le 8 janvier à partir de 9h30 devant la mairie de Givet, une demi-heure avant le début de l’enquête d’utilité publique (qui se déroulera jusqu’au 7 février).
Ce projet, c’est celui de Givet Recycling. En quelques chiffres, il s’agit d’un site de 11 hectares acheté à 550 000 euros par la société West Recycle, qui devrait traiter 950 000 tonnes de déchets dangereux et non dangereux par an. Les associations craignent également le passage de près de 200 passages de camions par jour, le tout à proximité d’une école maternelle et d’une crèche communautaire. Pas besoin de plus pour alerter les Givetois ainsi que la population à la frontière frontalière belge.
Une lutte au goût de déjà-vu
Pour les Givetois, c’est une lutte qui a un goût de déjà-vu. Il y a 12 ans déjà, l’association Vigilance se battait contre un projet « cinq fois plus ordinaire » et a fini par emporter la bataille. 5 ans après sa dissolution, l’association s’est reformée ce vendredi 5 janvier. Joël Dujeux, le président, souligne un cruel manque de temps pour préparer cette lutte.
« À l’époque on avait eu un an pour se documenter, organiser des réunions, faire appel à un cabinet d’expertise, etc. On s’était mobilisés en France et en Belgique et beaucoup de monde a participé. Cette fois-ci c’est tout autre. Trois semaines avant qu’on ne lise l’annonce de l’ouverture de l’enquête publique dans le journal, personne n’était au courant. À partir de ce moment, on a recontacté toute une série de personnes, notamment les élus, mais la plupart expliquaient ne pas trop être au courant… On avait l’impression qu’eux aussi découvraient l’ouverture », relate le président de l’association Vigilance.
L’impact environnemental reproché
Ce qui est reproché au projet ? « En plus du fait qu’on ne soit pas informés, qu’il y ait de nombreuses zones d’ombre et que l’autorité environnementale ait émis des réserves quant au projet, c’est l’impact environnemental. On connaît les incinérateurs, cela dégage des particules de métaux lourds. Et puis, on nous parle d’environnement, mais c’est 95 camions qui vont venir et partir chaque jour. Bonjour le Co2 ! Et cela va s’additionner aux particules qui sont déjà présentes sur le territoire dû à la présence d’autres activités industrielles », synthétise Joël Dujeux.
Nous ne sommes pas prêts à vendre les atouts de à nous territoire comme à nous qualité de vie et à nous environnement.
Joël Dujeux, président de l’association Vigilance
Pour les inquiets, pas question de se satisfaire des emplois que générerait ce projet sur le territoire. « Sur un territoire qui a diminué beaucoup d’activité, notamment industrielle, évidemment que nous sommes favorables à la venue de nouveaux projets. Mais, nous ne sommes pas prêts à vendre les atouts de à nous territoire comme à nous qualité de vie et à nous environnement. On nous parle de développement durable, de co2, etc. Mais, qu’est-ce qu’on nous présente ? Un incinérateur. C’est tout simplement inacceptable, et le problème de l’emploi ne sera pas résolu avec ce projet », s’agace le Givetois.
« Nous voulons repousser l’enquête d’utilité publique »
Cet agacement est partagé par les Belges, qui se mobilisent également contre cette initiative. « Les élus savaient bien que ce genre de projets avaient déjà fait image à une fronde. Est-ce que ça explique le manque de communication sur le projet ? Peut-être », s’interroge l’Ardennais.
Les demandes des associations sont claires : « Nous voulons repousser l’enquête d’utilité publique pour avoir le temps de nous renseigner, d’éclaircir les zones d’ombre et de financer une contre-expertise ». Des deux côtés de la frontière, des pétitions en ligne ont été lancées, et une demande de financement d’une contre-expertise a été envoyée à la région Grand-Est. « S’il faut qu’on la paye nous-même, il faut au moins nous en laisser le temps », soupire Joël Dujeux.
Ce lundi 8 janvier marquera alors la reprise de la lutte pour les associations Vigilence et Nature et Avenir, et le début de l’enquête publique qui déterminera l’issue de ce projet. Les manifestants se rassembleront devant la mairie de Givet dans l’espoir d’être entendus, et de gagner du temps pour préparer leur offensive.